Quittant Sucre pour Malawa, petit
village de tisserands, situé dans un cratère de 8 km, nous commençons par
grimper en camping-car à 3700m, tout sur piste, pour apercevoir ce paysage
majestueux aux alentours :
Ensuite la descente, puis la
galère : au dernier message, j’avais écrit que la plus mauvaise piste
était dernière nous et bien non : elle est là, droit devant, toute
défoncée par les innombrables pluies des derniers jours. Les bus ne passent
plus mais vous connaissez Bernard : lui veut passer ! J’ai parfois
l’impression qu’il pense conduire un 4x4.
Piste empruntée |
Notre remorqueur du moment |
Le lendemain, nous décidons d’aller
au village à pied. Douchka saute de joie. Sur notre chemin, nous rencontrons
Lucia et sa fille qui reviennent de Sucre où elles ont vendu leurs
récoltes : 2h de bus + 2h à pied pour rentrer chez elles, le balluchon
rempli de victuailles que Lucia porte sur son dos, puisqu’elles vont une fois
par semaine à la ville.
Lucia et sa fille |
Lucia nous dit qu’il y a encore 2h de marche quand nos
chemins se séparent et qu’elle et sa fille grimpent en haut de la montagne pour
retrouver leur maison.
Nous mettrons 4h : au début
ballade tranquille sur une piste,
Pont installé depuis 1 an |
puis chemin de plus en plus escarpé et
parfois au bord du vide mais les paysages sont fabuleux
chemin glissant au bord du vide |
et, arrivés presque au
sommet, nous croisons des enfants qui ont confectionné des bracelets pour les
vendre aux touristes.
Les montagnes en arrière-plan sont les contours du volcan |
A notre arrivée au village de Malawa,
nous croisons un groupe de touristes avec guide mais nous les coiffons au
poteau et trouvons un peu plus loin, un gamin qui nous attend et nous
montre la maison où nous passerons la nuit : nous qui nous imaginions déjà
dormant à même la terre avec pour seule protection nos anoraks, nous sommes
soulagés. D’ailleurs, plein d’espoir dans ce village qui compte tout au plus
une dizaine de maisons, Bernard m’avait dit : « on va chercher un bed
and breakfast » J’ai bien ri mais il a raison.
Un vrai bed&breakfast ! |
La bonne soupe ... |
au coin du feu et ... |
une petite bière pour la route et ... |
notre dîner : oeuf poché + pâtes et pommes de terre |
Le plus drôle de cette histoire,
c’est que nous sommes venus à Malawa pour voir des tisserands AUTHENTIQUES,
mais de tisserands, il n’y en a point. Peut-être à cause des
vacances scolaires ? on ne sait pas.
Le lendemain, partis à 7h, nous
prenons l’autre piste cette fois, plus longue mais moins dangereuse, surtout
qu’il pleut.
Presque dans les nuages |
Nous espérons arriver suffisamment tôt pour déjeuner à Sucre et
tester un dernier bon restaurant. Notre marche dure 3h30, tranquille et nous
croisons Cyril et son frère qui se rendent au même endroit que nous pour
attendre le bus.
Cyril |
et son frère |
On leur promet d’imprimer leurs portraits mais en arrivant au
camping-car, le terrain de foot est tout trempé et nos pieds s’enfoncent dans
la terre. Et pas que nos pieds : le camping-car aussi !
Bernard essaie les pierres, de
relever Léonce avec le crick pneumatique qui explose dès les premières
secondes, puis le crick manuel qui s’enfonce dans la boue, mais rien n’y fait.
Un 4x4 s’arrête et les hommes ne voulant pas s’embourber se contentent de lui
donner des conseils, mais c’est pire. Enfin, la pluie s’arrête, le sol commence
à être moins imbibé et un camion rempli de personnes s’arrête. Le camion ne peut
descendre sur le terrain de foot mais les hommes (une dizaine) se proposent de
tirer avec la corde le camping-car et ça marche !
Ensuite, le camion
remorque Léonce pour les derniers mètres et nous sommes sortis d’affaire. Nous
avons bien cru rester jusqu’à l’assèchement du terrain.
Une dame me fait le
signe de la croix et tout le monde remonte dans le camion. Merci de votre
entraide Messieurs les boliviens !
Etat du terrain de foot après le passage de Léonce ... |
Mais après toute cette pluie, Léonce
va-t-elle pouvoir grimper cette piste toute détrempée ? Le suspens est à
son comble. Personne ne parle dans la cabine et Douchka scrute la piste aussi
attentivement que nous. On ne pense plus au restaurant mais surtout à ne pas
rester embourbés. Heureusement, avec tout le temps qu’il a fallu pour sortir
Léonce du terrain de foot, la piste a eu le temps de sécher et la grimpette se
fait sans encombre.
Nous arrivons à Sucre à 14h, nous
vérifions que le restaurant sert toujours puis nous prenons une bonne douche et
changeons de costumes :
Après la douche et changement de "costumes" |
Après ce bon moment, point de répit :
il faut à nouveau changer le caoutchouc d'un des cardans qui n’a pas tenu.
Alors Bernard se met à la recherche d’un mécano, qu’il trouve au bout d’ 1
heure, puis nous retournons à notre place habituelle, prêts pour la nuit.
Le lendemain, dernière ballade dans
la ville ensoleillée, retournant à la Posada où nous avions si bien mangé :
Dernier tour dans la ville pour les achats d'alpaga |
Restaurant en plein air |
Jolis sourires de Sucre ... |
Retour à notre restaurant préféré à Sucre : La Posada |
L’après-midi, départ pour Potosi et
l’Altiplano donc 4000m d’altitude.
La montée est vertigineuse et
ensuite, le plateau à 3500m est surprenant.
A Potosi, nous cherchons à remplir
notre bouteille de gaz argentine et cédons la brésilienne, Bernard trouve un
endroit pour réparer la bicyclette et le camping-car. Le mal de l’altitude se
fait sentir dès le lendemain : mal de tête, épuisement rapide, nez bouché
et difficulté pour respirer. La ville est bruyante et chaque pas est pesant :
Groupe folklorique |
Marchande dans la rue avec son bébé |
Bouchère |
Marchand en pleine discussion |
Vendeuse de feuilles de coca |
Les bébés toujours dans le dos |
Bernard se renseigne auprès d’une agence de tourisme car il veut visiter une
mine encore en activité.
Le lendemain, il part de bonne heure,
me laissant « agoniser » dans le lit.
Potosi :
150.000 habitants, 4000m d’altitude, fût l’une des villes les plus riches du
monde à partir du 16ème siècle et pour les 3 qui ont suivi, grâce à
ses mines d’argent qui ont permis à la cour espagnole de prospérer.
Visite des mines de Potosi : Texte de Bernard
Nous nous retrouvons 9 à visiter les mines avec Big Deal Tours:
1 couple de Californiens, 1 couple d'Irlandais, 1 allemand, 3 françaises et moi.
Nous embarquons dans un mini-bus qui nous emmène au marché des mineurs: c'est ici qu'ils viennent faire leurs emplettes avant d'aller bosser:
des feuilles de coca pour tenir le coup dans ces conditions de travail épouvantables, des bouteilles de limonade, des cigarettes, des bâtons de dynamite, leur mêche avec détonateurs (2mn avant le boum) et le nitrate d'ammonium (pour bourrer le trou) : un baton de dynamite et son détonateur coûte 2€ et permet de faire un trou d'1m3 dans la roche.
Nous nous retrouvons 9 à visiter les mines avec Big Deal Tours:
1 couple de Californiens, 1 couple d'Irlandais, 1 allemand, 3 françaises et moi.
Nous embarquons dans un mini-bus qui nous emmène au marché des mineurs: c'est ici qu'ils viennent faire leurs emplettes avant d'aller bosser:
des feuilles de coca pour tenir le coup dans ces conditions de travail épouvantables, des bouteilles de limonade, des cigarettes, des bâtons de dynamite, leur mêche avec détonateurs (2mn avant le boum) et le nitrate d'ammonium (pour bourrer le trou) : un baton de dynamite et son détonateur coûte 2€ et permet de faire un trou d'1m3 dans la roche.
Notre guide avec son bâton de dynamite |
Le Cerro Rico ( le Mont Riche) appelé ainsi car les veines d'argent quasi pur qui y ont été découvertes au 16ème siècle ont enrichi l'Espagne (et par ricochet toutes les cours d'Europe) pendant 3 siècles.
8 millions d'esclaves ou d'indiens y ont péri pour exploiter ces mines d'argent; Potosi était alors la ville la plus riche du monde.
Actuellement
la mine produit surtout des roches contenant 85% d'impuretés et 15%
d'un mélange de minerais (argent, zinc, plomb principalement).
Les roches sont traitées sur place dans une usine de séparation qui utilise moults produits chimiques (acide, cyanure,....) pour extraire les 15% intéressants qui sont envoyés par train au Chili puis par bateau dans tous les pays du monde entier :
Les roches sont traitées sur place dans une usine de séparation qui utilise moults produits chimiques (acide, cyanure,....) pour extraire les 15% intéressants qui sont envoyés par train au Chili puis par bateau dans tous les pays du monde entier :
machines pour séparer les minerais |
180 coopératives (soit 10.000mieurs) se partagent l'exploitation des mines.
Chaque coopérative regroupe des mineurs qui travaillent en petits groupes d'une dizaine de personnes sur une galerie précise. Certains font pêter la roche (ils possèdent des foreuses alimentées par des tuyaux d'air comprimé ce qui leur permet de faire des trous pour y placer les bâtons de dynamite, leur détonateur, le nitrate d'ammonium et BOUM...) :
l'équipe de mineurs placent la dynamite |
ils se bouchent les oreilles avant explosion |
d'autres
fragmentent au marteau les roches dégagées pour examiner la qualité des
échantillons, les derniers évacuent les roches dans des sacs de toile
vers l'extérieur, soit en brouettes (5 sacs de 35kg dans une
brouette...! à pousser dans des galeries hautes d'un mètre sur plusieurs
centaines de mètres de montée...) :
Gamin de 14 ans soulevant un sac de 35kg |
Ancienne galerie de l'époque coloniale |
J'ai essayé à l'arrêt de soulever une brouette et j'avais dur à la stabiliser !
L'air dans les galeries est saturé de poussières provoquant la silicose chez les mineurs (affection pulmonaire qui tue les mineurs en 15 ans en moyenne).
Stalactites de sulfate de cuivre |
Les mines ont d'abord appartenus à des personnes privées, puis ont été privatisées et sont actuellement louées aux coopératives.
Les mineurs qui cotoient la mort au jour le jour (une dizaine de morts par an) sont superstitieux et vouent un culte à Tio (oncle), le diable sous la terre (par opposition à Pachamama, la mère sur la terre) :
Tio, l'oncle et le diable sous la terre |
Chaque mine possède ainsi une représentation de Tio, figure diabolique, auquel il vont faire des offrandes (feuille de coca, cigarette, alcool à 96°) en fin de semaine; réunis autour du Tio, ils mâchent des feuilles, trinquent à sa santé et répandent un peu d'alcool sur Tio et par terre (pour Pachamama). Cette dualité est toujours respectée (on picole 2 fois, on répand des feuilles de coca 2 fois, etc...).
Bernard et son guide |
Après sa visite de la mine, Bernard récupère
le vélo et nous quittons la ville, espérant trouver un endroit pour dormir à
une altitude moindre.
Au départ, nous descendons à 3400m
mais, petit à petit, nous remontons inlassablement, avec une pointe à 4300m et
nous nous arrêtons la nuit tombée à 4200m d’altitude. Le lendemain matin, nous
découvrons une église en terre abandonnée, des femmes et des enfants ramassant
des herbes :
Et Léonce fumant à fond au démarrage
… on commence à se poser des questions sur des réparations plus sérieuses
concernant le camping-car ! Mais après 4 essais, nous repartons sur la
route en direction d’Oruro, autre ville minière.
Sur la route, nous croisons nos
premiers lamas :
Après la Patagonie, où Douchka
poursuivait les guanacos, elle est ravie de courser les lamas :
Mais eux aussi la prennent en
chasse :
L'Altiplano comme on se l'imagine :
L’arrêt à Oruro sera courte car
Bernard pense que le joint de culasse n’est pas loin de lâcher. Alors devant
cette perspective et ne connaissant pas la route, nous préférons aller
rapidement à La Paz, trouver un bon mécano et les pièces nécessaires.
Léonce le ventre à l'air |
Nous sommes immobilisés en face du garage qui a démonté le moteur du camping-car, à 200m de la piste de l'aéroport de La Paz. Heureusement, grâce au voisin, nous pouvons utiliser son électricité le soir et chauffer un peu. Nous attendons le joint de culasse qui doit arriver de France lundi prochain ... Inch' Alla !