jeudi 16 janvier 2014

De Brasilia à Sucre

Nous quittons Brasilia sous des trombes d'eau. Bernard s'arrête tout de même en route pour acheter tout ce qu'il faut pour monter ma table de massage. Et un peu plus loin, il décide de nettoyer le filtre à air du camping-car car Léonce fume de plus en plus et on n'en trouvera pas ici pour le changer.

On s'arrête à Bonito, endroit réputé pour ses grottes, ses eaux limpides, ... mais très touristique du coup. C'est là que nous passerons le jour de l'an dans un petit chemin menant à une ferme, loin des pétarades de la ville. Beaucoup de pluie qui ne nous permet pas d'effectuer une marche prévue mais Bernard arrive tout de même à effectuer un vol :


Descente de rivière
A Corumba, juste à la frontière au Brésil, nous récupérons le Nikon que Paulo nous a envoyé de Maceio : Bernard est tout content ! Merci Paulo !
Bernard à la poste


Quelques alligators reposant sagement au bord de la route :



Quelques superbes perroquets dans un arbre :


Et un beau coucher de soleil sur la roche rouge :


 Nous passons la frontière le 2 janvier 2014.
Première ville en Bolivie : Puerta Suarez, ville la plus étouffante du pays = 38° (mais ce n'est pas le maximum, on peut atteindre 45°). Les formalités douanières sont plus que sommaires : nous avons insisté pour avoir un cachet d'entrée dans le pays.
Direction Santa Cruz car les Missions Jésuites où nous voulions aller sont en pleine zone amazonienne donc grosse chaleur donc plein de moustiques et ce n'est pas de la route mais de la piste. Ne cumulons pas les inconforts.
Le soir, dans un hameau de quelques maisons, nous nous arrêtons au milieu des cochons, des ânes, des chiens, des brebis et des vaches. Mais nous ne savons pas encore que ces multiples bêtes, nous amènent de multiples moustiques donc branle bas de combat : Bernard s'attaque à tout ce qui bouge donc gare !
Voici la famille que nous avons rencontré lors de notre arrêt :
toute la famille réunie



Le lendemain, nous reprenons la route, contents d'avoir un peu d'air avec la vitesse du camping-car ! C'est à dire entre 60 et 80 km/heure.
Ce qui est étrange : c'est qu'il n'y a personne sur la route.
D'ailleurs, une réflexion en passant : on se demande pourquoi nous n'avons vu aucun camping-car européen au Brésil !??

Nous faisons une halte à El Carmen où nous faisons la connaissance d'Anthony, un français installé là-bas et mécanicien d'hélicoptère. Il nous apprend que nous sommes en plein dans la région des narco-trafiquants. Sa fille, Marie-Antoinette, est très curieuse de visiter Léonce. Nous achetons du gasoil contrebande et nous découvrons un bébé tatou perdu au bord de la route :


La carapace de ces pauvres bêtes servent de caisse de résonance pour les guitares du coin, le charango.

Prochaine halte : Aguas Calientes où les gens se baignent dans une eau à au moins 30° : ça tombe bien, dehors il fait 38° ... on va se rafraîchir !


Bébé dormant parmi les citrons
Etrange phénomène naturel : des poches de sable où on s'enfonce comme dans des sables mouvants :


Bernard en fait l'expérience :


Nous continuons la route : après la plaine, quelques monts commencent à poindre leur nez : Nous nous dirigeons droit vers la Cordillère des Andes, mais nous n'y sommes pas encore.


Et nous voilà à San José de Chiquitos : ambiance western, avec une superbe église. C'est aussi le point de départ du circuit des Missions Jésuites mais comme nous apprenons que c'est ici qu'il y a la plus belle, nous ne regrettons plus rien.

arbre bouteille


Entrée de la mission




Nous nous éloignons du centre ville et nous nous posons à l'aérodrome où Herbert qui y travaille nous accueille gentiment avec sa femme :


Ici les gamins du coin, ravis de découvrir le paramoteur et le camping-car :


On se déchausse avant d'entrer dans notre palace !

Visite du camping-car

Maison de l'aérodrome : Léonce est sous l'arbre, à l'abri du soleil

Petite falaise à côté du village

Bernard profite de cette halte aménagée (électricité, eau, outils d'Herbert) pour finir la table de massage, avec Douchka en arrière plan qui aimerait bien que l'on joue avec elle au ballon :


Et voilà : finie la table ! même si elle manque un peu de stabilité ... ce sera la prochaine étape avant la mise en pratique ! On se demande qui sera le premier à expérimenter cette table en bambou UNIQUE et complètement artisanale :


Le fan club de Bernard :


Et la chose la plus improbable arrive : Bernard part voler. Tout va bien, bonne condition météo, tout est tranquille. Mais à l'atterrissage, il essaie de couper son moteur et n'y arrive pas. Alors toute son attention se focalise sur le satané bouton qui ne répond pas. Et badaboum, bernard atterrit sur l'unique barrière de l'aérodrome. Bilan : hélice fichue et quelques bobos à son bras déja amoché par l'accident de moto et au tibia et à la cuisse = douche, bétadine et pansements. Mais rassurez-vous : ça ne l'a pas empêché d'aller jouer au volley ball le soir même ! Douchka, elle, a failli se faire renverser par une moto qu'elle n'a pas vu en traversant la rue. Bilan : un peu sonnée et patte avant droite touchée, mais elle non plus, cela ne l'a pas empêché de gambader toute la soirée.

Sacré choc de passer du pays le plus riche d'Amérique du Sud, le Brésil, au pays le plus pauvre, la Bolivie. Allez, petit topo sur la Bolivie :
 Nation enclavée, la plus haute, la plus isolée, la plus accidentée de l'hémisphère, elle connaît des conditions climatiques extrèmes : froid glacial et vent violent des montagnes et du désert de sel et chaleur étouffante en forêt amazonienne (où nous sommes) et comprend des régions parmi les plus désertiques, les plus salées et les plus marécageuses du globe.
C'est aussi une terre de paradoxe : pays le plus pauvre d'Amérique du sud, la Bolivie est l'un des plus riches du continent en ressources naturelles (le lithium notamment). C'est aussi le pays comptant la plus forte population indigène (60%). La grande majorité des boliviens se revendiquant indiens sont :
- les Aymara (25%) et les Quechua (30%) vivent sur les hauts plateaux et
- les Gurani et les Chiquitano vivent dans les plaines.

Depuis 2005, la Bolivie traverse une véritable révolution avec son président Evo Morales (toujours en place), premier président indien du pays, qui a fait voter une constitution qui accorde des droits inédits à la majorité indienne du pays.

De l'arrivée des premiers nomades (probablement de Sibérie) aux horizons ancien, moyen et récent (les Incas), la conquête espagnole en 1531 en Equateur porta le coup final à l'empire Inca. L'indépendance eut lieu le 6 août 1825, grâce en grande partie à SImon Bolivar, d'où le nom du pays.

Lors de son indépendance, la Bolivie possédait un territoire de plus de 2 millions de km2 mais les pays voisins s'employèrent à le rogner, le privant de son accès à la mer (Chili, Pérou), s'emparant de la plupart de ses hévéas amazoniens (Brésil) et du Chaco (Paraguay). Maintenant sa superficie est d'un peu plus d'un million de km2 pour 10 millions d'habitants dont 70% vivent sur l'altiplano.

La controverse sur le coca : L'Occident considère la coca comme une drogue dure qui sert à la fabrication de la cocaïne. Les peuples indigènes des Andes la considèrent comme une plante sacrée qu'ils utilisent depuis des siècles sous sa forme naturelle. Elle permet de supporter les conditions difficiles du travail, le mal de l'altitude, la fatigue et la faim.

Même si 95% des boliviens se disent catholiques, les rites religieux sont souvent agrémentés de croyances incas et aymaras. Basées sur l'animisme, les religions indigènes vénèrent des dieux et des esprits de la nature qui remontent aux Incas et même avant. Omniprésente, Pachamama, la terre mère, est celle qui reçoit le plus d'offrandes sacrificielles. Elle a un gros appétit pour l'alcool, la coca et le sang des animaux.
Cimetière bolivien avec fleurs en tissus sur les tombes
La chaleur est toujours aussi accablante. Nous avons hâte de gravir quelques centaines de mètres d'altitude pour retrouver un peu de fraîcheur. Nous faisons une courte halte à Santa Cruz où nous mangeons dans un restaurant japonais délicieux puis, après avoir bénéficié pour la première fois depuis que nous sommes en Bolivie de la Wifi, nous repartons direction Sucre. Dès que nous quittons Santa Cruz, la plaine fait place au relief et la montagne pointe son nez.


Nous nous arrêtons à Samaïpata où un site pré-inca est signalé non loin de là, à El Fuerte.
La ville est paisible malgré les rues en travaux, ou grâce à ...

Le lendemain, Bernard trouve un endroit où décoller pour aller survoler le site préinca d'El Fuerte : le terrain de foot où s'entraîne des militaires. Il se prépare et décolle mais prend difficilement de l'altitude. Je lui laisse vous raconter la suite : interview d'un miraculé ...

"Première chose, je n'aurais pas dû décoller car le vent était fort et transversal à la vallée dans laquelle on se trouvait. Ensuite des rafales étaient présentes de temps en temps, et finalement, à peine décollé, j'ai eu très difficile à prendre de l'altitude à cause de rabattants (preuve que le vent était trop fort).
A ce moment j'aurais mieux fait de me reposer... je me dirige finalement vers le site préinca situé à 6 km du village : il est construit au sommet d'une falaise dans un site grandiose. Je suis heureusement resté au-dessus du vide car lorsque une rafale d'une violence inouie a purement et simplement refermé mon aile, je me suis vu chuter de 100m comme une pierre. J'avais une telle vitesse de chute que lorsque par chance mon aile a regonflé, la ressource m'a fait faire un looping complet...
Je pensais être en train de filmer avec la go-pro mais elle n'avait pas enclenché l'enregistrement.
Je suis rentré tout penaud, me promettant de ne plus voler dans de telles conditions...Mektoub !"

Le site préinca d'El Fuerte, quelques secondes avant la chute ...
Bernard revient secoué de cette envolée qui aurait pu mal tourner !
Nous repartons sur une piste pire que celles rencontrées en Argentine et quand nous voyons le panneau :


Là on a vraiment des frayeurs car on rencontre souvent des camions et le précipice n'est pas loin. Ce n'est pas la route la plus dangereuse au monde (ou pas encore répertoriée) mais pas loin ! Surtout qu'à cela s'ajoute le fait que Léonce chauffe très vite avec les pistes abruptes. Et puis la poussière : nous la respirons, nous la mangeons, ... elle est partout !

Un autre arrêt sympathique avant Sucre où on nous promet que le plus dur est passé : Aiquile, petite bourgade où les femmes sont habillées traditionnellement et où la majorité sont des Quechuas ... ça ne vous rappelle pas quelque chose ce nom ? De braves messieurs nous invitent à boire la chicha avec eux, nous mangeons des mets des rues comme eux et certains veulent bien que nous les photographions.

Les femmes sont habillées d'un chapeau de paille, d'une jupe plissée et pour porter leur enfant ou leur baluchon, ont ce tissu typique qu'elles portent en bandoulière.





Etat du camping-car après la piste (avec la table de massage en plus à l'arrière) :


Pas possible de prendre du gazoil à la pompe pour les étrangers ou alors au double du prix alors la solution est de la prendre dans un cubi et ensuite de le transvaser :


Avant de repartir, Bernard fait changer les soufflets de cardan qui n'en peuvent plus.
A nouveau la route, ses grandes étendues, nos sueurs froides à se demander si Léonce va réussir à monter, le moteur qui chauffe, ...


Parfois un paiement de péage !



Et souvent des ventes de fruits au bord de la route :



Paysages grandioses :


Et nous arrivons enfin à Sucre, à 2750m d'altitude. C'est la plus jolie ville de Bolivie : ville coloniale où a été déclaré l'indépendance du pays. Son centre est tout blanc et la vie est tranquille s'il n'y avait pas les embouteillages.









Attendant Bernard, toujours dans ses bricolages de mécanique, je m'assois à la place principale de la ville et regarde les gens aux alentours :






Et comme toujours, après l'Alliance Française où nous avions très bien mangé, nous nous retrouvons dans une posada avec un très bon restaurant avec une cour intérieure ensoleillée :


Et avant de retrouver notre maison ambulante, nous parcourons le marché et achetons plein de fruits, même certains inconnus et allons manger à l'étage où le son de chanteurs nous attire :


Nous sommes bien dans les Andes avec toutes ses traditions si présentes.
Après avoir effectué toutes les réparations, lavé tout notre linge, nous repartons demain pour d'autres aventures.
Hasta luego

2 commentaires:

  1. Comme toujours superbe !!!
    Bises
    Cat

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  2. allle moun ami!!!! what a beutiful trip... i was away from your blog for a while... send my regards to your wife and doushcka

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